Le Blog de l'APE du Conservatoire de Musique et Danse d'Aurillac


20/05/2015

Les 110 ans de l'Harmonie Municipale

Cette année, lors du week-end des 29-30 et 31 mai 2015, l'Harmonie Municipale d'Aurillac fêtera ses 110 ans. Les festivités débuteront le vendredi à 20h45 par le concert de printemps de l'harmonie au théâtre. Puis le samedi soir, toujours à 20h45 au théâtre, nous sommes conviés à aller écouter l'Harmonie de Bellerive sur Allier, invitée pour l'occasion (En juin 2013, l'Harmonie d'Aurillac était reçue à Bellerive sur Allier pour les 110 ans de leur harmonie). Le dimanche, une aubade sera offerte à partir de 11h15 à l’hôtel de ville par les deux harmonies. 

Nous avons profité de l'occasion pour aller rencontrer ses musiciens et parler un peu de son histoire (à la fin de l'article). Mais auparavant laissons la parole aux chefs !



Le mot de Didier Lalande, directeur de l'harmonie :

Toutes les anecdote décrites par les musiciens sont bien sûr exactes mais je pense que tout n'a pas été retenu. Il serait trop long d'y revenir dessus... Le fait de diriger cet ensemble est très enrichissant, aussi bien sur le plan musical qu'amical.

Les musiciens sont très respectueux de leur encadrement aussi il est fondamental de les associer aux orientations de l'orchestre (choix du répertoire par exemple).
Un demi-siècle passé à leur côté d'abord comme musicien puis chef d'orchestre, c'est que du bonheur ! 


Nous avons demandé à Sébastien Valadou de nous présenter le Brass Band :

Depuis 1947, l'Harmonie Municipale est constituée de deux ensembles : un orchestre d'harmonie et une batterie-fanfare. Ce dernier ensemble a existé jusqu'en septembre 2009, date à laquelle il a été transformé en Brass Band (que l'on appelle entre nous le BB). Cela fait donc presque six ans que l'Harmonie Municipale dispose en son sein d'un ensemble de cuivres (= brass) et de percussions très pratiqué dans les pays anglo-saxons. L'originalité du BB est d'être un ensemble constitué essentiellement de cuivres doux ou saxhorns, instruments inventés par Adolphe Sax au milieu du XIXe siècle. La sonorité de ces instruments est plus douce que celle des cuivres clairs (trompettes) en raison de leur facture conique. Le répertoire est très varié et concerne tous les styles et genres musicaux.
Le BB répète le vendredi soir à l'auditorium et il accueille tous les musiciens qui ont une pratique instrumentale d'au moins quatre années (début du 2e cycle).



Le mot d'Olivier Alpern, Président de l'Amicale :


" Voilà donc 110 ans que l'Harmonie municipale d'Aurillac œuvre à la diffusion de la musique d'Harmonie auprès de la population du Cantal. Voilà 110 ans que des femmes, des hommes, des enfants, le temps d'un concert, revêtent l'uniforme de la ville d'Aurillac et se transforment en musiciens pour le bonheur de leurs auditeurs. L' Amicale de l'Harmonie qui fait partie de l'Harmonie municipale depuis 1950, participe également tous les ans à l'animation musicale du pays et il serait trop long de citer tous les musiciens qui y ont participé mais nous pensons toujours à eux.
Il me reste à formuler le souhait que l'Harmonie municipale d'Aurillac se développe encore et toujours en intégrant en son sein tous les jeunes musiciens, filles et garçons, qui feront vibrer les bois et les cuivres, les percussions et les batteries pour au moins les 110 prochaines années"





Dans l'espoir de découvrir quelques secrets de jouvence, nous sommes allés à la rencontre des musiciens. 
Nous leur avons tout d'abord demandé ce qui leur plaisait à l'harmonie. Les réponses ont été unanimes :
"la musique, la convivialité quel que soit l'age, c'est une grande famille, il y a une attention personnelle sur chacun de nous"
"l'ambiance est fort sympathique et c'est un plaisir de faire de la musique dans un grand groupe, d'arriver à être accepté même si on n'est pas toujours performant, et faire de la musique ensemble malgré les différences de niveau"
"La musique amateur, se retrouver ensemble, beaucoup d'amitié, de camaraderie, de solidarité ; que les jeunes soient bien acceptés et puissent trouver leur place et le plaisir de jouer"
"Il n'y a pas de pression dans le travail ; tout le monde joue comme il peut, au mieux et personne ne te juge, ça c'est important"
"Le plaisir de participer à quelque chose en commun. On se prend un peu pour des artistes, c'est toujours bon d'y croire un peu "

Nous avons demandé aux "ainés" (plusieurs centaines de cérémonies commémoratives à leur actif !) de quelles évolutions ils avaient été témoins ; et c'est avec une certaine fierté qu'ils révèlent la durée de leur présence sur les rangs :
"51","54", "64 ans !"
"J'ai fait le cinquantenaire ; j'avais une petite société de Haute Loire à encadrer, ils étaient supers ces gamins ! Au centenaire, je m'occupais de l'harmonie de Brive, il faisait très très chaud. Au 110ème on y est presque, mais ne comptez tout de même pas trop sur moi pour le 150ème !"

Tous regrettent qu'il y ait beaucoup moins d'occasions de sorties :
"J'ai connu des temps meilleurs où il y avait davantage de fêtes, de voyages, de concerts. Les comités des fêtes avaient davantage d'argent et nous recevaient"
"A l'époque il n'y avait pas de portable, d'ordinateur. Il y avait beaucoup de monde aux fêtes de village, on se déplaçait à deux cars et les comités des fêtes nous offraient les repas au restaurant" 
"Il y avait plus de sociétés musicales : rien qu'à Aurillac il y en avait 3 : La Géraldienne, la Cantalienne et l'Harmonie"

D'autres changements sont remarqués, au gré des chefs :
"A une époque on jouait beaucoup de classique, mais on n'avait peu de public car l'Harmonie avait l'image de la musique militaire. Pourtant on a joué La finta Giardiniera de Mozart, Egmont , Peer Gynt, La rapsodie Hongroise . C'était magnifique, tout le monde connaissait ses partitions sur le bout des doigts"  

Les effectifs on aussi fluctué entre 20 et plus de 100 musiciens.

L'importance du bénévolat est aussi soulignée, même si certains accepteraient volontiers la gratuité du stationnement pendant les répétitions et cérémonies :
"Avant, l'Harmonie avait un local, des instruments. Aurillac a été une des premières villes où l'on prêtait les instruments, ce qui a permis à beaucoup d'enfants d'apprendre la musique, les cours étaient gratuits. Les professeurs venaient en dehors de leur travail partager leur savoir avec les élèves. Actuellement le coût des cours de musique écarte beaucoup de gens."
"Au départ, l'école de musique municipale était là pour former les musiciens de l'harmonie. Beaucoup d'écoles ont été créées par des bénévoles"
"Et de nombreux musiciens professionnels ont débuté dans des écoles de musique municipales"

Et tous sont d'accord pour constater qu'une chose n'a pas changé : l'ambiance !

"Depuis plus de 30 ans que j'avais quitté l'harmonie, j'ai retrouvé une bande d'amis, une excellente ambiance et direction avec Didier ; il y a une très bonne équipe"

Et les femmes ?
"Les premières musiciennes sont arrivées au début des années 70, à la clarinette et à la batterie. Ça a été un plus pour l'harmonie". "A l'époque, les instruments à vent ce n'était pas pour les filles. Les filles jouaient des instruments à cordes". "C'est parmi les flutistes qu'il y en a eu le plus". " Maintenant, on les supporte ! (tu effaceras !?)" Et bien non, on laisse, tout le monde aura compris que le musicien d'harmonie n'est pas dépourvu de second degré !



Avoir des musiciennes dans l'orchestre est une chose, avoir une femme à la baguette en est une autre : "Quand Denyse Montoya a pris la direction de l'harmonie, certains musiciens sont partis , ils ne voulaient pas être dirigés par une femme !"



Quant aux femmes de musiciens, elles suivaient leur époux lors des sorties. "C'est Paul Vidal qui a décidé de leur offrir le repas de Sainte Cécile, afin qu'elles viennent toutes, compte tenu de leur participation au repassage des chemises et à l'entretien des costumes"


Voici maintenant quelques souvenirs et anecdotes, en vrac :
" Les voyages en Belgique et en Allemagne, les concours : aux Sables d'Olonnes, à Thiers où les timbales et valises fixées sur le toit ont pris leur envol en passant sous un pont ..."
"L'enregistrement d'un disque, c'est beaucoup de travail mais c'est extrêmement motivant; ça fait longtemps que ce n'est pas arrivé"
"La fête à Saint Céré qui a fini à la pêche à la truite"
"un 15 aout à Vic sur Cère où un musicien a dirigé le concert au pied levé, le chef n'étant plus en état de le faire..." (il y a prescription...)
"Des sorties assurées à effectif très réduit : concert à 4 sur podium, ou journée messe/Défilé/concert/retraite aux flambeaux à 9"
"Un défilé sur la côte de Decazeville : "vous êtes fous, nous on le fait jamais ! nous disaient les musiciens de Decazeville"
"Les pieds collés au goudron à Saint Affrique"
"L'accueil au vin blanc et à la fouace à l'arrivée pour la fête d'Estaing"

 "Les premiers costumes avec fourragère étrennés en 1956"

Et que souhaitent les musiciens pour l'anniversaire de leur société ?
"Que ça dure encore 110 ans et même davantage !"
"Que la relève continue dans cet esprit de camaraderie et de solidarité"
"Que le prochain chef (Didier Lalande partant en retraite à l'automne prochain) soit investi dans l'harmonie, c'est important la succession !"
De notre point de vue, il ne fait aucun doute que la vieille Dame et son BB se portent bien ! Nous remercions les musiciens de leur collaboration et nous leur souhaitons un bel anniversaire et qu'ils portent encore longtemps les valeurs fraternelles en réjouissant nos oreilles !



BIOGRAPHIE DE L'HARMONIE MUNICIPALE D'AURILLAC :
  Le premier groupement musical légalement constitué à Aurillac est né en 1836, grâce à Pierre Crémont, de retour dans sa ville natale ; il s'agit de "La SOCIETE PHILHARMONIQUE D'AURILLAC". Plus tard, la société prit le nom d'ORPHEON, mais végéta après le départ de Pierre Crémont pour Tours, où il mourut en 1846, puis disparut.

En 1889,  un nouveau groupement musical organisé officiellement se crée : LA FANFARE MUNICIPALE D'AURILLAC. Mr ROUX en assure la direction. Mais son décès en décembre 1895 met fin aux cinq années d'activité de cette fanfare.

En 1905, Mr CORROYER, alors chef de la musique militaire du 139e régiment d'infanterie stationné à Aurillac, prit l'initiative de faire revivre dans la cité aurillacoise une société de musique. Secondé par le Président Delzons, le professeur de musique Mr Permann, d'autres personnalités et les quelques anciens de la "Fanfare", il reconstitua celle-ci sous le nom de SOCIETE PHILHARMONIQUE D'AURILLAC sous la direction de Claude Robin, sous-chef de musique et tambour-major au 139e. Le premier concert de LA PHILHARMONIE eut lieu le jour de Pâques 1905. Comme toutes les sociétés, la "philharmonie" connaîtra de bons et de mauvais jours. Sous la conduite de ses différents directeurs, elle participera dans de bonnes conditions à divers concours ; sa vitalité lui permettra de survivre à la Grande Guerre 1914-1918, comme à la seconde guerre mondiale.

 En 1944, en accord avec la municipalité et le Maire d'Aurillac M. le Docteur CHANAL, la "Société Philharmonique" s'efface et apporte tout son actif à "l'HARMONIE MUNICIPALE D'AURILLAC" qui sera officialisée le 4 octobre 1945. Claude ROBIN la dirigera pendant 2 ans, Laurent LABESSEDE lui succèdera jusqu'en mars 1950.

En octobre 1947, Jacques RAYNAUD créa la Section Batterie Fanfare de l'Harmonie Municipale qu'il dirigea jusqu'en 1984.
De 1950 à 1966, Edouard HYGOUNENC dirigera l'Harmonie, puis Paul VIDAL lui succèdera jusqu'en 1983.
En 1983, Denise MONTOYA sera la première femme à prendre la direction de l'Harmonie Municipale d'Aurillac et ceci jusqu'en 1990.
En 1984, Didier LALANDE prend les rênes de la section Batterie Fanfare.
En 1991, Miguel BERNAST fera un éphémère passage à la direction de l'Harmonie.
En 1992, Didier LALANDE est officiellement nommé directeur de l'Harmonie Municipale, Sébastien VALADOU le remplacera à la tête de la section de la batterie fanfare.

En 2005, sous l'impulsion de René AURIAC Président de l'Amicale, Sébastien VALADOU, Didier LALANDE et du bureau de l'Amicale, l'Harmonie Municipale d'Aurillac a fêté son Centenaire les 27,28,29 mai 2005 avec la présence de plus de 1200 musiciens, 14 Harmonies, 4 Batteries-Fanfares, 3 Chorales.



 En 2009, la batterie fanfare devient Brass Band sous la direction de Sébastien VALADOU.



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